La Connaissance Suprême et le
Grand Mystère
Le Suprême Seigneur dit : Je vais te révéler, à toi
qui ne t’adonnes pas à l’incrédulité, le plus profond secret de la connaissance
associé à l’expérience transcendantale. Connaissant cela, tu seras délivré des
misères de l’existence du mal. (9.01)
LA
CONNAISSANCE DE LA NATURE DU SUPRÊME EST LE GRAND MYSTÈRE
La connaissance du Soi est souveraine entre toutes les
connaissances ; elle est le plus profond secret et vraiment sacrée,
pouvant être discernée par l’instinct, se conformant à la justice (Dharma), est
très facile à pratiquer, et éternelle. (9.02)
O Arjuna, ceux qui n’ont pas de foi en cette connaissance
ne M’atteignent pas, et suivent les cycles de naissance et de mort. (9.03)
Cet univers entier est une expansion de
Moi. Tous les êtres dépendent de Moi (comme une chaîne dépend de l’or, et les
produits laiteux du lait). Je ne dépends pas d’eux (car Je suis le plus grand
de tous). (Voir aussi 7.12) (9.04)
Vois la force de Mon divin
mystère ; en réalité, Je ne dépends pas d’eux - le protecteur et créateur
de tous les êtres –, et ils ne dépendent pas de Moi. (Au fait, la chaîne en or
ne dépend pas de l’or, malgré que la chaîne n’est autre que or. Aussi, la
matière et l’énergie sont distinctes autant que identiques). (Voir aussi BP
2.09.34 – 36) (9.05)
Comprends que tous les êtres sont en
Moi (sans contacte ou sans produire un effet quelconque), comme le vent
puissant, soufflant partout, demeurant éternellement dans l’espace. (9.06)
THÉORIE
DE L’ÉVOLUTION ET DE L’INVOLUTION
Tous les êtres s’établissent en Mon Adi Prakŗti (nature
primaire matérielle) et à la fin d’un Kalpa (ou, un cycle de 4.32 billions
d’années), O Arjuna, Je les crée à nouveau au commencement du prochain Kalpa.
(9.07)
Je crée la multitude entière des êtres à mainte et mainte
reprise avec l’aide de Ma Nature matérielle (Prakŗti ou Māyā).
C’est êtres se trouvent sous le contrôle des modes (Gunas) de la Nature
matérielle (Prakŗti). (9.08)
Les actes de la création ne Me lient pas, O Arjuna, car
Je reste indifférent et détaché de ces actes. (9.09)
L’énergie cinétique divine Māyā – avec l’aide
de la Nature matérielle (Prakŗti) – crée sous Ma supervision tous les
objets animés et inanimés, et par ce moyen la création poursuit sa ronde, O
Arjuna. (Voir aussi 14.03) (9.10)
LES
VOIES DES SAGES ET DES IGNORANTS SONT DIFFÉRENTES
Les personnes ignorantes Me méprisent lorsque J’apparais
dans la forme humaine, ne connaissant pas Ma nature transcendantale comme le
grand Seigneur de tous les êtres (et Me considèrent comme le plus commun des mortels).
Car, vains sont leurs espoirs, vains leurs actes, et vaine leur
connaissance ; et, possèdent des aptitudes affolantes (Tāmasika)
(Voir 16.04-18) des démons cruels et avides
(et, ils sont incapables de Me reconnaître). (9.11-12)
Mais les grandes âmes, O Arjuna, qui possèdent des
qualités divines (Voir 16.01-03) Me connaissent comme L’immuable ; aussi
en tant que cause matérielle et efficace de la création, et M’adorent d’un
amour unique et entier. (9.13)
Les personnes de ferme détermination M’adorent avec
ardeur et persévérance dans la dévotion, en chantant sans cesse Mes gloires,
déterminées de M’atteindre, se prosternant devant Moi avec dévotion. (9.14)
Certains M’adorent par le sacrifice de la connaissance.
D’autres adorent l’Unique comme Celui qui est en tout (sans dualité), comme le
maître de tout (ou, dualité), et le multiple tourné dans toutes les directions.
(9.15)
TOUT
EST LA MANIFESTATION DE L’ABSOLU
Je suis le rituel, Je suis le sacrifice, Je suis
l’offrande, Je suis l’herbe, Je suis le mantra, Je suis le beurre clarifié
(Ghī), Je suis le feu, et Je suis l’oblation. (Voir aussi 4.24). Je suis
le soutien de l’univers, le père, la mère, et le grand-père. Je suis l’objet de
la connaissance, le syllabe sacré OM, et aussi le Ŗg, le Yajur, et le
Sāma Véda. Je suis le but, le soutien, le Seigneur, le Témoin, la Demeure,
le Refuge, l’Ami, l’Origine, la Dissolution, la fondation du substrat, et la
semence immuable. (Voir aussi 7.10 et 10.39) (9.16-18)
Je dispense la chaleur, J’envoie et retiens la pluie. Je
suis l’immortalité autant que la mort, Je suis aussi l’Absolu (Sat ou
Akşara) et à la fois le temporel (Asat ou Kşara), O Arjuna. (Le
Suprême Être est devenu le tout, voir aussi 13.12) (9.19)
ATTEINT
LE SALUT PAR L’AMOUR DÉVOTIONNEL
Ceux qui accomplissent les rituels prescrits dans les
trois Védas, les buveurs du nectar de dévotion (Soma), et purifiés de leurs
péchés (fautes), M’adorent en faisant de bonnes actions (Yajna) pour aller au
ciel. Par leurs actes méritoires, il en résulte qu’ils vont au ciel et
jouissent des plaisirs des dieux. (9.20)
Ils retournent au monde des mortels, après avoir savouré
le vaste monde des jouissances célestes – après y avoir épuisé le bénéfice de
leur bon Karma (Punya). Conformément aux injonctions des trois Védas, ces
personnes travaillent aux fruits de leurs actions, et ils sont pris dans le
cycle de la naissance et de la mort. (Voir aussi 8.25) (9.21)
J’apporte personnellement tous bien
spirituel et matériel à ces dévots inébranlables qui se souviennent constamment
de Moi, et M’adorent dans une contemplation décidée. (9.22)
O Arjuna, même les dévots qui adorent les divinités avec
foi, rendent le culte à Moi, bien que d’une manière impropre. (9.23)
Car Je, le Suprême Être (Para-Brahman), suis le seul bénéficiaire
de tous les cultes sacrificiels (Yajna), et le Seigneur de l’univers. Mais Mon
peuple ne connaît pas Ma vraie nature transcendantale. C’est pour cela qu’ils
tombent (dans les cycles répétés de naissance et de mort). (9.24)
Les adorateurs des régnants célestes (Devas) vont aux
Devas, ceux qui vénèrent les ancêtres vont aux ancêtres, et ceux qui adorent
les esprits vont aux esprits, mais Mes dévots viennent à Moi (et ne naissent
plus). (Voir aussi 8.16) (9.25)
LE
SEIGNEUR ACCEPTE ET MANGE L’OFFRANDE D’AMOUR ET DE DÉVOTION
Quiconque M’offre une feuille, une
fleur, un fruit, ou de l’eau avec dévotion ; J’accepte et mange cette
offrande de dévotion venant d’un cœur pur. (Voir aussi BP 10.81.04) (9.26)
O Arjuna, quoique tu fasses, quoique tu
manges, quoique to offres comme oblation au feu sacré, quoique charité tu
donnes, quelle que soit l’austérité que tu pratiques, accomplis tout en
offrande à Moi. (Voir aussi 12.10, 18.46) (9.27)
Tu seras libéré de l’enchaînement – bon ou mauvais – de
Karma par cette attitude de renonciation complète (Samnyāsa-yoga).
Devenant libre, tu parviendras à Moi. (9.28)
Le Moi est présent en tous les êtres et
ne favorise personne. Quant à Moi, nul n’est détestable ou cher. Mais, ceux qui
M’adorent avec amour et dévotion sont très proches de Moi, et Je suis très
proche d’eux. (Voir aussi 7.18) (9.29)
IL
N’Y A PAS DE PÉCHEUR IMPARDONNABLE
Même si le plus grand pécheur décide de
M’adorer avec une dévotion exclusive et par amour, il doit être considéré comme
un saint, ayant pris la résolution correcte. (9.30)
Une telle personne devient rapidement une âme juste et
atteint la paix éternelle. Tiens pour certain, O Arjuna, que Mon dévot ne
périra ni tombera jamais. (9.31)
LA
VOIE DE L’AMOUR DÉVOTIONNELLE EST PLUS FACILE
Quiconque – aussi les femmes, les marchants, les
ouvriers, et les malfaisants – peuvent atteindre la demeure suprême tout en se
livrant simplement à Ma volonté avec amour et dévotion, O Arjuna. (Voir aussi
18.66) (9.32)
Combien plus dès lors est-il facile pour les saints
brahmanes et les saints royaux pieux d’atteindre le Suprême Être. C’est
pourquoi, ayant obtenu cette vie humaine transitoire, emplie de tristesse, on
devrait M’adorer avec amour et dévotion. (9.33)
Fixe ton mental sur Moi, sois Mon dévot, adore-Moi, et
incline-toi devant Moi. Ainsi, uni à Moi en Me mettant comme dessein suprême et
seul refuge, tu M’atteindras certainement. (9.34)
Ainsi prend fin le neuvième chapitre intitulé «La Connaissance Suprême et le Grand Mystère» dans
les Upanişad de la Bhagavadgītā, l’écriture de yoga, touchant la
science de l’Absolu dans la forme du dialogue entre Srīkŗşna et
Arjuna.
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